“L'idée de la jouissance est partout dans la société”, Audrey Diwan et Noémie Merlant nous racontent Emmanuelle
Après le percutant, et important, L’Événement, la réalisatrice Audrey Diwan s'empare du grand classi...
Après le percutant, et important, L’Événement, la réalisatrice Audrey Diwan s'empare du grand classique du cinéma érotique français en offrant le rôle plus que sulfureux d’Emmanuelle à Noémie Merlant. Une nouvelle adaptation, celle d'un roman publié anonymement puis sous le nom de plume Emmanuelle Arsan à l'aube des années 1960, qui marque la rencontre naturelle entre deux femmes que tout rejoint : une cinéaste qui croit fort en la puissance du récit, comme du collectif pour le mettre en scène, et une actrice qui manipule elle aussi la caméra, avec ses tripes, son cœur et sa tête (après son premier long-métrage Mi ubita, mon amour en 2021, Noémie Merlant renoue avec la réalisation avec Les Femmes au balcon, au cinéma le 11 décembre prochain).
Fruit de son succès autant que du parfum de son scandale, le portrait originel d'Emmanuelle a donné lieu à de multiples relectures, dont la plus célèbre fut certainement celle de 1974, version dirigée par Just Jaeckin et interprétée par Sylvia Kristel alors inconnue. 50 ans plus tard, le regard d'Audrey Diwan se pose sur ce film fantasme pour interroger les notions de plaisir et de sensualité qu'il dessine. Que pouvons-nous en retenir ? La réalisatrice et son actrice nous répondent.
Tête-à-tête avec Audrey Diwan et Noémie Merlant
Vogue. Comment est née l'envie de vous emparer de l'histoire d'Emmanuelle ?
Audrey Diwan. Je me suis emparée d'une idée de la femme qui est venue au grès de la société qui change, et j'ai eu envie de raconter une histoire en projetant quelque chose de très intime. C'est l'histoire d'une femme qui croule sous les injonctions diverses et variées, qui nous concernent toutes et tous. Il faut réussir, il faut que le corps répondent à pas mal de diktats, il faut jouir. Et l'idée de la jouissance dans la société, elle est partout. J'ai eu envie de suivre cette femme dont le métier est de noter les services d'un hôtel pour que le client en tire un maximum de plaisirs justement, et de me laisser aller au grès de ses rencontres pour voir comment, progressivement, elle arrive à se reconnecter à elle.